Paris, studio 215. Plateau de l'émission "Livrez-vous". Fin coupure pub.
Yann-Arthur Ledin-Sandbergh - Eh bien, nous sommes toujours en compagnie de Samuel Richardson, qui vient nous présenter son dernier livre "La menace est là" sorti aux éditions Grassard. Lennie H vient de nous quitter, alors qu'arrive Estelle Reuht avec qui nous allons parler des tendances de la rentrée, n'est-ce pas Estelle?
Estelle - Exactement, Yann. Et plus exactement des auteurs qui surfent sur la vague du néoromantisme absolu.
Yann - Bien! Mais revenons-en à ce livre, si vous le voulez bien, Samuel Richardson. On peut dire qu'il a été difficile de trouver un éditeur qui acceptait votre mansuscrit, non?
Samuel - En effet, monsieur Ledin-Sandbergh. La critique sociale est quelque chose qui ne se vend plus très bien de nos jours. On veut de la sensation, du choc, de l'éphémère! Pas d'une critique sociale, longuement mûrie, documentée et finement argumentée.
Yann - Mais le livre est bien là. Paris peut trembler! (rires) Racontez-nous ce qui est à l'origine de cette idée... Une réflexion, c'est bien ça?
Samuel - En quelques sorte, un songe, je dirais, dans cet état vaseux où peuvent mener les mélanges d'alcools. Une soirée mondaine ennuyeuse, des invités transparents et des sourires faux affichés avec un orgueil démesuré par une élite auto-proclamée.
Yann - Parleriez-vous des Inuuitées de Paris, organisées il y a presque dix ans.
Samuel - Je le mentionne dans le livre... Enfin, non, Herbert Grassard le précise dans MON livre, en avant-propos. Ce sont mes mots, quand je le lui ai expliqué.
Yann - Une rencontre sur un balcon, c'est bien ça?
Samuel - Je prenais le frais sur un balcon du Palace. Je réfléchissais à voix haute et un type s'est approché de moi. Un verre à la main. il m'a dit "Très mauvais ce champagne". Et il a ajouté "à l'image de ces individus qui se reniflent le derrière pour savoir s'ils doivent s'apprécier ou pas". J'ai éclaté de rire.
Yann - L'alcool?
Samuel - Pas du tout. Sa clairvoyance! Je ne sais pas ce que ce type faisait là, mais il portait le même regard que moi sur les parisiens qui avaient monté ce grand déballage médiatique et culturel. Ils craignaient tous ce sport brutal et sordide. Lui, il l'aimait comme j'aimais à l'époque mon verre de champagne déguelasse: plus que de raison. C'est notre discussion sur les mensonges qu'on se fait à soi-même, du refus de l'évidence et de notre entêtement à ne comprendre les choses que telles qu'il nous paraît le plus agréable de les percevoir, qui m'a donné l'idée maîtresse de cet essai sur le phénomène d'Ultra-culturisme.
Yann - Et cet homme, qu'est-il devenu?
Samuel - Je n'ai pas voulu le citer dans ce livre parce qu'il n'aime pas les media. Cependant, j'ai toujours gardé un contact avec lui. Alors que tout le monde le cherche, désormais! (rires)
Yann - Mais qui est-ce donc? Qui est celui qui vous a inspiré ainsi, au point de le citer plusieurs fois de façon anonyme dans ce livre?
Samuel - Un homme qui a su faire les bons placements, qui a développé son art, qui a su s'exiler pour trouver le matériau nécessaire à l'élaboration de son rêve, un homme bien qui agit pour lui autant que pour ceux qui dépendent de lui; un entraîneur de ce sport si décrié dans l'Ultra-culturisme ambiant. Ca ne vous fait pas rire, vous, que le soir même où les Inuuitées de Paris se rassemblent, soirée consacrée de partout à l'événement que constituait la première grande finale d'Ultraball, un homme qui me fait la promesse de percer dans ce milieu me glisse l'idée d'une critique de cette fédération de bien-pensants?
Estelle - Des destins croisés, en quelques sortes.
Samuel - Aucunement un hasard, je commence à connaître l'oiseau! (rires)
Yann - Attendez... un homme qui se lance dans l'Ultraball et que tout le monde cherche... Vous parlez de Evan Gilles? L'homme qui a mouché une centaine de journalistes et reporters de tous pays, lors d'une conférence de presse qu'il n'a pas tenu? Il a effectivement disparu avec la plupart des membres de son équipe, à ce qu'on raconte.
Samuel - Vous êtes bien renseigné pour quelqu'un qui n'apprécie guère ce sport, monsieur Ledin-Sandbergh!
Yann - Ce Gilles n'est pas un modèle de savoir-vivre. On retient facilement ses frasques avec la presse! Vous savez donc où il se cache?
Samuel - Son équipe a été affaiblie par une rencontre musclée. Il a joué en effectif réduit, avec des joueurs moins qualifiés. Il n'a marqué aucun point dans un match très fade où il n'a rien pu imposerà des moines de Taga Dzong. Je l'ai eu au téléphone, oui... Il y a quelques jours. Il a emmené ses joueurs... en Australie.
Yann - En Australie? Vraiment? Mais pour y faire quoi?
Samuel - Si vous connaissiez Evan Gilles comme je le connais, vous ne vous poseriez même pas la question. Mais si on entend parler d'un certain Gomez Estefano, prochainement, ce sera un bon présage.
Yann - Je ne connais pas. De qui s'agit-il?
Samuel - De la première botte secrète d'un homme qui n'aura jamais dit son dernier mot. Et qui m'a aidé à trouver mes premiers...
Yann - Quelle scoop, tout de même! Evan Gilles, initiateur de cet essai sur un mouvement de pensée qui s'est fait les dents sur son sport en le dénigrant de toutes ses forces...
Samuel - Sans y parvenir! De partout, les aficionados se multiplient! Les martyrs d'hier sont les héros d'aujourd'hui. Et les bouchers d'aujourd'hui, les idoles de demain...
Yann - C'est de lui, aussi, ça!
Samuel - Non, non, monsieur Ledin-Sandbergh. Il ne faut pas exagérer, je sais aussi écrire de moi-même!
Yann - Ah! Oui, bien sûr (rires) Estelle, je crois que cela vous parle, non?
Estelle - Exactement, Yann-Arthur. Comment parler de néoromantisme sans faire allusion aux déclaratins enflammée de cet icône d'Ultraball dans sa biographie "Le spectacle, c'est moi"...
Yann - Nous nous retrouvons tout de suite après la pub, pour en parler. Restez avec nous!