"J'ai enfin pu rencontrer l'enfant du pays qui a traversé l'océan il y a quelques années pour rejoindre les équipes britanniques des Îles Vierges. Il ne s'est pas exprimé dans la presse espagnole depuis lors. C'est donc avec un très grand plaisir - et beaucoup d'excitation, il est vrai - que j'ai rencontré le beau Juan Antonio Unzurrunzaga, dans le salon VIP du Delicadeza Palace, sa "petite" chienne Labrador, allongée à ses pieds."
Laurencia Benoli - Monsieur Unzurrunzaga, bonjour.
Juan Antonio Unzurrunzaga - Bonjour. Appellez-moi Juan, s'il vous plaît.
LB - D'accord. Alors, Juan, je vous présente rapidement. Vous êtes né en Catalogne, vous avez 24 ans, célibataire, vous avez intégré les Lost Evangels d'Evan Gilles lors de leur création, vous aimez le noir, faire la fête, bien vivre et par-dessus tout, votre chienne "Tuffa" qui ne vous quitte pas. Je me suis trompée?
JAU - Sur célibataire. La situation est... un peu compliquée, on va dire. Mais je n'en parlerai pas.
LB - Très bien. Pour le reste, on peut dire que ces dernières semaines ont été mouvementées, mais vous nous revenez au pays en grande forme, on dirait.
JAU - Je suis un peu crevé, quand même. Les entraînements sont pas faciles, mais ils sont nécessaires. Si j'ai quitté Tortosa c'est que j'avais aucune chance d'être incorporé à la franchise de Madrid! J'étais un petit gars sans rien dans les bras.
LB - Justement, ce départ vous a-t-il coûté? La presse parlait de vous adolescent comme un jeune espoir.
JAU - Je m'en fiche un peu de la presse. C'est dans mon coeur que je ne sentais pas le truc. Comme si je décidais d'écrire un bouquin sur ma vie, maintenant. C'est pas le moment, quoi. Je le sens, là.
LB - Et pourquoi les Îles Vierges?
JAU - J'avais entendu dire que là-bas, le sport était brutal. C'était un challenge. Les autres pays avaient des franchises officielles en Europe, et puis je voulais m'éloigner du système aussi.
LB - C'est un peu confus toutes ces raisons.
JAU - Je sais. Mais c'est un peu de tout ça, quoi.
LB - Quels étaient vos rêves, à l'époque. Se sont-ils réalisés?
JAU - Mes rêves? (il marque un temps) Je ne sais pas. Je jouais pour penser à autre chose qu'à ma famille qui se déchirait. Enfin, on est pas là pour remuer le couteau, comme on dit. Tout ça, c'est loin. (il marque encore une pause) J'avais pas de rêve, je crois. Juste envie de perfectionner, de grandir!
LB - Et à présent que vous avez les deux pieds ancrés dans ce sport, des rêves vous hantent-ils?
JAU - C'est bizarre, mais non, toujours pas. Des fois mes potes me comprennent pas quand je leur dis que je m'en fiche de l'argent et que je joue parce que ça me détend.
LB - Il faut dire que...
JAU - Pourtant, c'est pas des cracks, quoi. Filer entre les mecs qui ne pensent qu'à vous éclater la tronche et leur passer sous le nez! Recevoir la balle et éviter des dingues chargés de Stéro qui puent la haine, ça c'est mon kiff, quoi. Je suis pas Lizzy, mais on traîne pas mal ensemble. J'adore ce mec. J'adore sa façon de bouger dans un match.
LB - Lizzy, c'est pour Lézard, c'est bien ça? Vous parlez de Aitor Castillo.
JAU - Oui, oui, c'est une vraie couleuvre ce mec. Il vous file entre les doigts. Ca rend souvent les joueurs fous! Un jour on l'appellera peut-être l'homme invisible!
LB - Et vous, El Condor? Cela vient de...
JAU - C'est le public de Virgin qui m'a appelé comme ça, un jour pendant un petit match contre une jeune franchise venue se tester chez nous. C'est d'ailleurs ce jour-là que j'ai rencontré M'sieur Gilles. J'ai filé tout droit, je savais qu'il y avait des yeux rivés sur notre match. Des sélectionneurs, quoi. Alors j'ai voulu faire mon show pour décrocher une place dans une franchise officielle et pouvoir jouer un jour contre des mecs qui avaient encore plus de hargne, quoi.
LB - Et donc, ce match?
JAU - Ah oui, j'ai filé tout droit, donc. Et on m'a passé la balle en direct. J'étais de dos, alors je me suis retourné pour la chopper. Au dernier moment, j'ai pu passer entre les deux colosses qui gardaient le but. J'étais trop content. C'est une phase à Lizzy, ça. Il me l'a apprise. Ils ont rien compris les deux mecs, j'avais comme disparu pour eux. Ca fait un putain d'effet, je vous jure! Pour avoir vu Lizzy me le faire...
LB - Et vous avez marqué.
JAU - Ouais (rires) El Condor Pasa!
LB - Juan, vous pouvez être fier de ce que vous êtes devenus. Vos femmes ici... pardon, vos fans (il éclate de rire) vous suivent attentivement dans cette première saison. Une réaction, face à ce jeune public féminin qui scande votre nom?
JAU - Je sais pas où me mettre en fait. C'est un truc que je comprends pas. Je suis comme les autres, quoi. Un peu de sport et de volonté et on se fait le corps qu'on veut, non? J'aime bien, ça c'est calir, je suis pas fou! Mais je contrôle pas et ça, ça me fait toujours un peu peur.
LB - On peut revenir sur l'incident qui est arrivé il y a quelques jours?
JAU - Non, je préfère pas en parler. J'ai merdé, j'ai réglé ça avec Msieur Gilles. Basta.
LB - Très bien, alors je vous remercie de m'avoir accordé un peu de votre temps. Je vais assurément faire des jalouses!
JAU - Je vais finir par rougir, moi...
LB - Un dernier mot?
JAU - Euh... non