Gabriel Youth - Suite à leur match contre les Iron Ninjas, je reçois Derwin Hodge, l'un des piliers de la défense des Lost Evangels, comme on a pu s'en apercevoir. L'homme est grand, imposant, son regard posé et son sourire discret, autant dire qu'en plein match, on ne doit pas faire le fier, en face de lui. Derwin Hodge, bonjour!

Derwin Hodge - Bonjour, Gabriel (rire gêné)

Youth - On ne vous sent pas à l'aise. Vous allez voir, tout va bien se passer. Je ne mords pas, moi!

Hodge - C'est pas ce qu'on m'a dit (rires).

Youth - Pour commencer, on pourrait revenir à ce dernier match, qu'en dites-vous?

Hodge - Pourquoi pas. C'était un match tendu qu'on a perdu de peu. Mais avec Pepper, on a bien assuré en défense. Je suis pas mécontent de pouvoir occuper les arrières avec lui.

Youth - Vous vous connaissez depuis longtemps, si je ne me trompe.

Hodge - En fait, on s'est rencontré sur Virgin Gorda. J'étais en vacances là-bas. J'étais tout môme, encore. Il y avait ce grand type qui jouait au basket sur un terrain souvent disputé entre deux bandes locales. Notre première rencontre s'est soldée par un oeil au beurre noir!

Youth - Déjà des fortes têtes. Qui a encaissé?

Hodge - On aime garder le secret, ça nous rappelle que toute colère peut devenir une vraie amitié. Un truc solide, quoi, alors qu'on aurait pu devenir les pires ennemis. On ne jouait pas dans la même équipe, à l'époque. Mais on s'entendait pour partager le terrain.

Youth - Complicité dans l'adversité. Ca vous a soudés?

Hodge - Voyez ce qu'on est devenu...

Youth - Justement, comment s'est passé votre premier contact avec l'ultraball?

Hodge - Moi, je vivais à Sheffield, à l'époque. Virgin, c'était juste pour les vacances. Mais ça me plaisait de retrouver ce petit paradis, quelques mois chaque année. J'aurais tout donné pour quitter l'insécurité qu'on connait ici, en Angleterre... J'avais du mal à imaginer comment c'était avant tout ça. Enfin... avant que la violence devienne... vous savez, quoi... monnaie courante. Sur Virgin, je comprenais la vie d'avant. Avant tout ça. Et puis il y avait Pepper, là-bas. Et puis Stella, par la suite. Je me suis installé là-bas pour fuir l'Europe; j'ai pas tardé à apprendre qu'un stade avait été construit dans le sud de l'île.

Youth - Celui d'Evan Gilles, le Elder Black Quaker.

Hodge - Il y en a qu'un.

Youth - Mais alors comme être venu à jouer?

Hodge - Parce que Pepper s'était lancé là-dedans avec beaucoup de rage, à l'époque. Il m'avait expliqué qu'il devait une grosse somme et que c'était pour lui une bonne façon de gagner de l'argent, même s'il était difficile de grapiller quelques sous à l'instigateur du système... J'ai pensé que je devais l'aider. Mais comme il ne voulait pas de mon argent, j'ai proposé de jouer à ses côtés. A nous deux, nous serions devenu un duo imbattable!

Youth - Et vous avez tout pour le devenir! Derwin, si vous le permettez, on va prendre quelques questions posées par des internautes, pendant que nous parlions. Alors, Legace, 23 ans de France, nous demande d'où vient vos pseudos à tous les deux.

Hodge - C'était un délire quand on était tout jeune. C'est Pepper qui avait tiqué en voyant les tables d'un restau tout juste débarrassées: il restait la salière et la poivrière, sur leur petit support argenté. Il m'avait dit "on dirait nous deux, une fois qu'on les a tous couchés! Il reste que nous deux debout! Le Sel et le Poivre". C'était suffisamment farfelu pour nous coller longtemps à la peau. La preuve!!

Youth - Juanito33 ans de Madrid, nous demande lequel est le plus fort de vous deux. Beaucoup de questions sur votre duo de défenseurs, dans l'ensemble. J'ai aussi Corry, de Londres, 33 ans, qui demandent si vous avez peur de l'avenir dans la compétition.

Hodge - Alors, le plus fort, c'est moi. Pepper s'est blessé il y a 3 ans, maintenant. Une mauvaise chute dont je ne sais pas grand chose. Il a mis du temps à retrouver l'usage de ses jambes. Il a pris du retard sur nos entraînements... Il avait perdu un peu le moral, aussi. Mais il vous dirait ça mieux que moi. Maintenant ça va mieux. Il pète la forme même!!

Youth - Et pour l'avenir?

Hodge - Je n'ai pas peur de ce qu'il nous réserve. Je sais que c'est un sport brutal et que la plupart des joueurs sont issus des milieux obscurs de la rue, voire de la criminalité... Ils voient là une source de revenus et de liberté. Nous ne jouons pas dans la même cour. Et d'ailleurs monsieur Gilles nous a clairement dit qu'il ne comptait pas atteindre les sommets de la compétition!

Youth - ...

Hodge - Mais inutile de me poser plus de questions sur lui, je n'en sais pas plus! C'est comme ça, avec lui.

Youth - Et les blessures? Vous vous êtes préparés?

Hodge - Pepper et moi, on protège notre but mais on sait aussi prendre soin l'un de l'autre, sur le terrain. Unis contre l'adversité, désormais. Alors, oui, je sais qu'en face de nous, y'aura des mecs greffés de partout, je sais que ce sont des veaux pour beaucoup... C'est la loi de ce sport.

Youth - Et votre avis sur la greffe?

Hodge - Si on peut s'en passer... Notre santé avant tout!

Youth - Eh bien, je vous remercie.

Hodge - C'est moi.

Youth - C'était Derwin Hodge qui se confiait au micro de votre serviteur, Gabriel Youth pour le Quart d'Heure Ultra, sur Strat'ego.com... A la semaine prochaine.